Le secteur textile en France s’apprête à franchir une étape majeure vers une plus grande transparence environnementale des produits. Un projet de décret, en phase de consultation du 28 novembre au 19 décembre, vise à instaurer une méthode standardisée pour évaluer et communiquer l’impact environnemental des produits textiles.
Bien que les modalités définitives puissent encore évoluer, l’objectif est clair : offrir aux consommateurs plus de transparence sur l’impact environnemental des produits qu’ils achètent.
Ce décret prévoit deux phases : une première phase d’un an, volontaire et encadrée, débutant en avril 2025, suivie d’une phase de déploiement généralisé dès le premier trimestre 2026.
Si cette communication du coût environnemental n'est pas immédiatement imposée aux marques, l’année 2025 se présente néanmoins comme une opportunité stratégique pour anticiper ces évolutions pour plusieurs raisons.
Dans cet article, nous détaillons les cinq raisons principales pour lesquelles il est essentiel de l’anticiper et de ne pas attendre 2026 pour agir.
Collecter et structurer vos données sur toute la chaîne de valeur
Le déploiement de l’affichage du coût environnemental implique une collecte et une structuration rigoureuses des données couvrant l’ensemble de votre chaîne de valeur. Ces données incluent des informations sur les matières premières, la fabrication, la logistique et la distribution.
Une phase de cartographie nécessaire pour distinguer les données maîtrisées et manquantes
Avant de collecter de nouvelles données, il est nécessaire de réaliser une cartographie de celles déjà disponibles dans vos systèmes et d’identifier les données complémentaires à collecter. Cette étape vous permettra d’orienter efficacement vos efforts et de prioriser les actions à mener.
Une collecte collaborative avec les fournisseurs
La collecte de données supplémentaires nécessite une collaboration étroite avec votre chaîne d’approvisionnement et vos fournisseurs pour :
En moyenne, nous observons qu’il faut environ six mois pour obtenir les résultats d’impact sur l’ensemble d’une collection. Ce délai inclut la formation des équipes, la collecte et la structuration des données, les échanges avec les fournisseurs et l’analyse des impacts.
Ainsi, nous vous recommandons de lancer ces démarches suffisamment tôt pour être prêt d’ici la phase de déploiement généralisé du décret d’affichage du coût environnemental prévue au premier trimestre 2026.
Comme évoqué précédemment, le décret d’affichage du coût environnemental implique pour une marque d’être capable de déployer la mesure d’impact sur tout son catalogue de produits.
Pour éviter une surcharge opérationnelle et vous permettre d’automatiser la démarche, nous vous conseillons d’anticiper le sujet en impliquant vos équipes IT dès le début du projet.
L'équipe IT aura un rôle clé pour assurer que toutes les données que vous avez collectées puissent communiquer efficacement entre tous vos systèmes et outils (ERP, PLM, bases fournisseurs, outils de traçabilité et outils de mesure d’impact).
Cette intégration automatisée permettra notamment :
Une distinction essentielle à comprendre est que le décret n’oblige pour l’instant pas les marques à communiquer publiquement leur score environnemental. Cela signifie que vous pouvez calculer et déclarer les coûts environnementaux de vos produits, sans avoir à les communiquer immédiatement à vos consommateurs si vous ne le souhaitez pas.
Cependant, anticiper ce calcul reste crucial pour plusieurs raisons :
Dans le cadre du décret d’affichage environnemental, les coûts environnementaux de vos produits pourraient être calculés et déposés sur le portail de déclaration publique par des tiers si vous ne l’avez pas encore fait.
Sans données précises et spécifiques à vos produits, ils utiliseront des valeurs par défaut, souvent majorantes et pénalisantes pour les calculs.
En anticipant le calcul de l’impact de vos produits, vous avez la possibilité d’intégrer des données spécifiques, que vous seul connaissez, qui affineront le calcul des coûts environnementaux. Vous pourrez ainsi maîtriser les scores déposés sur le portail réglementaire.
Si vous choisissez de communiquer vos scores (par exemple, sur vos pages produits ou vos étiquettes), vous avez le contrôle sur le récit que vous souhaitez construire autour de l’impact environnemental de vos produits.
L’opportunité notamment de transformer une contrainte réglementaire en levier stratégique pour
Avec le décret, même si la communication sur l’impact environnemental n’est pas immédiatement obligatoire, elle deviendra un facteur clé pour influencer les comportements d’achat des consommateurs. La transparence qu’apporte l’affichage environnemental va inciter les consommateurs à comparer les produits en fonction de leur impact.
C’est pourquoi il est peut être stratégique pour vous d’anticiper les aspects suivants :
Une analyse précise de l’impact environnemental de vos produits vous permettra de vous positionner par rapport aux standards du marché et à vos concurrents. En connaissant vos forces et faiblesses dès 2025, vous pourrez anticiper les attentes des consommateurs, qui privilégieront des produits plus respectueux de l’environnement.
Les équipes RSE, Achats, Qualité et Production devront s’approprier les méthodologies standardisées et les outils de mesure. Une montée en compétences progressive est essentielle pour garantir une intégration fluide de ces nouvelles exigences.
Les produits que vous allez développer en 2025 et 2026 ont de fortes chances d’être concernés par le décret d’affichage du coût environnemental.
En commençant dès maintenant à mesurer l’impact environnemental de vos produits, vous prenez de l’avance pour comprendre quels sont les facteurs d’émissions les plus importants tout au long du cycle de vie de vos produits.
Ces analyses vous serviront de base pour identifier et prioriser des leviers de réduction d’impact pertinents par rapport à vos propres contraintes (de prix, de style etc…), et vous pourrez ainsi commencer à les intégrer dans le développement de vos futures collections.
Les données granulaires obtenues lors de l’analyse d’impact vous permettront de faire de l’éco-conception au niveau produit comme évoqué dans le point précédent, mais vous serviront également à construire et suivre votre stratégie de réduction d’impact au niveau global.
Grâce à ces données précises vous pourrez :
Identifier les réductions possibles sur les principaux postes d’émission (matières, fabrication, transport, etc.) et définir des objectifs concrets.
Piloter votre stratégie de réduction par collection, famille de produit ou année grâce à des indicateurs mesurables, en vous appuyant sur des données fiables pour simuler et ajuster toutes vos actions.
Montrer à vos parties prenantes que vous suivez une trajectoire alignée avec vos engagements en matière de durabilité.
L’affichage environnemental ne doit pas être perçu comme une contrainte isolée, mais comme une opportunité stratégique pour répondre à de multiples exigences réglementaires et structurer une démarche cohérente de durabilité.
En parallèle de la réglementation française, la réglementation européenne évolue. D’ici 2027, l’ESPR, comprenant de nouvelles exigences d’éco-conception des produits, entrera en vigueur au niveau européen.
En maîtrisant dès 2025 l’impact environnemental de chaque étape du cycle de vie de vos produits, vous aurez un temps d’avance pour intégrer ces contraintes futures dans le quotidien opérationnel de vos équipes Achat, Produit sans risquer de les surcharger.
Les données collectées pour l’affichage environnemental sont directement exploitables pour alimenter votre bilan carbone, notamment le scope 3, qui représente plus de 90 % des émissions d’une marque.
Pourquoi réaliser une analyse plus précise du scope 3 de votre bilan carbone ?
Les données consolidées (consommation énergétique, impact sur la biodiversité, utilisation de l’eau, pollution) obtenues grâce à la mesure de l’impact environnemental de vos produits pourront également être intégrées à votre rapport de durabilité.
Avoir une approche globale en reliant les exigences de l’affichage environnemental aux autres obligations réglementaires, comme l’ESPR, le DPP, la CSDDD et les reportings CSRD, vous permet de faire gagner du temps à vos équipes et de maximiser la valeur stratégique des données collectées et de vos efforts.
L’aide Texhabi de l’ADEME (appel à projets sur l’éco-conception textile) constitue une opportunité financière pour amorcer votre transition. Cette aide peut couvrir une partie des coûts liés à la mesure d’impact, à la collecte de données et aux premiers chantiers d’éco-conception, vous permettant ainsi de réduire vos coûts d’anticipation.
Pour en savoir plus : Découvrez l’aide éco-conception textile de l’Ademe : Appel à projets Texhabi