Bilan carbone ou ACV : diffèrences et complémentarités
L’ACV et le Bilan Carbone sont des notions que l’on entend partout lorsque l’on parle de RSE. Découvrez dans cet article leurs différences et leurs complémentarités.
L’ACV et le Bilan Carbone sont des notions que l’on entend partout lorsque l’on parle de RSE. Découvrez dans cet article leurs différences et leurs complémentarités.
Face à l'urgence climatique, les entreprises et organisations sont de plus en plus conscientes de l'importance de la gestion de leur impact environnemental. Le Bilan Carbone et l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) sont deux méthodes permettant de mesurer l'impact des produits, activités et services d’une entreprise. Ces étapes sont essentielles pour mettre en place une stratégie de réduction d’impact environnemental.
Si ces deux méthodes partagent la même mission, elles diffèrent en termes d'approche, de critères et de portée. Dans cet article, nous vous présentons ces deux approches, leurs différences et leurs complémentarités.
Le bilan carbone, qui s’appelle en réalité un bilan GES, est une méthodologie qui répertorie l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) induites par l’activité d’une entreprise. Ces émissions se traduisent par l’indicateur le plus connu aujourd’hui : le CO2 équivalent ou CO2eq.Un bilan GES peut-être plus ou moins détaillé en fonction du ou des scopes étudiés :
Il existe plusieurs méthodologies pour calculer son bilan GES, dont la plus connue est la méthodologie Bilan Carbone (initialement développée par l’ADEME et maintenant déléguée à l’Association Bilan Carbone). Cela explique que l’on entende fréquemment le terme « bilan carbone » pour « bilan GES » en France.
C’est l’indicateur associé au réchauffement climatique : quantifier des émissions de GES permet de le traduire une augmentation ou diminution de la température terrestre. Comme la plupart des accords comme ceux de Paris se basent sur les scénarios de réchauffement climatique, il est alors logique de prendre cet indicateur en priorité.
Il a aujourd’hui l’intérêt d’être connu de tous, de permettre de rendre la donnée compréhensible pour les décideurs et de parler un même langage pour définir une stratégie internationale cohérente.
L'ACV, ou Analyse de Cycle de Vie, est la méthode privilégiée pour évaluer l'impact environnemental d'un produit, service ou projet tout au long de sa durée de vie. Elle est considérée comme la méthode la plus avancée et scientifiquement solide pour instaurer une stratégie d'écoconception.
Durant une ACV, tout le cycle de vie du produit est pris en compte. Ce cycle comprend 5 étapes :
Le Bilan Carbone et l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) sont deux méthodes essentielles pour évaluer l’impact environnemental. Bien qu'ils aient des objectifs communs en matière de durabilité, leurs approches, critères et périmètres varient considérablement.
Le Bilan Carbone se concentre sur une approche rapide et simplifiée, axée avant tout sur l’empreinte carbone globale de l'entreprise sous un angle opérationnel et organisationnel.
L'ACV (Analyse du Cycle de Vie) évalue les impacts environnementaux d'un produit ou service durant toutes ses phases de vie. Autrement dit, elle se centre sur toute la chaîne de valeur, depuis la matière première jusqu'à son recyclage ou sa fin de vie.
La méthode du Bilan Carbone est basée sur un unique critère, à savoir les émissions de gaz à effet de serre. (GES)
L’ACV est multi-critères. Non seulement elle considère les émissions de CO2, mais elle évalue également d'autres éléments tels que la consommation d'eau ou l'impact sur les sols.
L’intérêt primaire d’un bilan GES est de découvrir ses postes de « dépense carbone ». En effet, en ayant accès à une donnée quantifiée que l’on peut regrouper en différents postes, on peut déterminer où agir en priorité pour réduire ces émissions. Il devient alors possible de mettre en place un plan d’action basé sur des indicateurs chiffrés pour réduire ses émissions de GES : on est capable d’adopter une stratégie RSE efficace.
Ce bilan permet également de répondre aux exigences réglementaires : en France toutes les entreprises ayant au moins une entité (filiale) avec plus de 500 salariés doivent effectuer un bilan GES de scope 1 et 2.
⚠️ Attention, la plus grande partie des émissions GES des entreprises du secteur des biens de consommation résident dans le scope 3 (généralement entre 80 et 95%) : il est donc fortement recommandé de le faire et la loi devrait évoluer pour rendre le scope 3 obligatoire.
Il existe deux limites principales pour le Bilan Carbone :
Ainsi, l’ACV – voir notre article sur l’ACV – est complémentaire avec le bilan GES. On peut redescendre à l’échelle produit pour dans un premier temps réduire l’impact de ses produits avec de l’écoconception et dans un second temps communiquer au consommateur final les impacts environnementaux (et pas exclusivement en CO2eq !).
En parallèle, le bilan GES permettra d’avoir des données globales pour les décisions stratégiques et de traduire ses données sous un unique indicateur. Si l’on souhaite ensuite avoir des informations plus granulaires, par exemple sur des lignes de produits, on pourra rassembler les données d’ACV de plusieurs produits pour les obtenir. Tout l’enjeu ensuite sera de faire le pont entre les données environnementales issues de l’ACV et celle issues du bilan GES.
Nous avons également vu que les entreprises de plus de 500 collaborateurs sont tenues d’effectuer un bilan GES. Le penchant pour l’ACV est l’affichage environnemental (français par l’ADEME et européen avec la PEF*) qui s’appuient sur cette méthodologie pour créer une note sur les produits.
💡 L’affichage environnemental français est déjà en phase d’expérimentation pour le textile et sera rendu obligatoire en 2023. L’ameublement est également en phase d’expérimentation et suivra probablement un an plus tard. Alors autant s’y préparer en avance !
Consultez notre article sur l’affichage environnemental ici.
Enfin, le travail fait sur le scope 3 d’un bilan carbone sera utile pour réaliser ensuite des ACV. En effet les informations recueillies auprès de vos fournisseurs (données secondaires) seront réutilisables en grande partie pour les ACV !
Le bilan carbone est donc souvent la première étape pour définir une stratégie RSE, l’ACV permet ensuite de consolider sa stratégie, de réduire l’impact de ses produits et de communiquer auprès de son consommateur.
* PEF : Product Environmental Footprint