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RDUE : Comprendre le nouveau règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts

Découvrez la RDUE, le règlement européen contre la déforestation, et ses impacts sur les entreprises. Produits concernés, obligations et sanctions : préparez-vous aux nouvelles exigences d'ici 2025.

Benjamin THOMAS
January 29, 2025
Sommaire
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D'après la FAO, le monde a perdu 420 millions d'hectares de forêts entre 1990 et 2020. On estime que la consommation de l'Union européenne serait responsable d'environ 10 % de cette déforestation.

La Réglementation européenne contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) marque une étape décisive dans la lutte mondiale pour la préservation des forêts. Ce texte ambitieux, entré en vigueur le 29 juin 2023, vise à assurer que les produits commercialisés ou exportés depuis l'Union européenne (UE) n'entraînent pas de déforestation ou de dégradation forestière. Son application est prévue à partir du 30 décembre 2025 pour les grandes entreprises, et du 30 juin 2026 pour les PME.

Quel est le lien entre la RDUE et la RBUE ?

Depuis 2013, la RBUE (Règlementation Bois de l'Union européenne) imposait aux entreprises de garantir que le bois et les produits dérivés qu'elles mettaient sur le marché n'étaient pas issus d'une récolte illégale. Avec la RDUE, l'objectif s'élargit pour éliminer la déforestation et la dégradation des forêts. La RDUE étend également son champ d'application à de nouvelles matières premières : viande bovine, soja, huile de palme, cacao, café et caoutchouc, ainsi que leurs produits dérivés.

Quels sont les objectifs de la RDUE ?

La Commission européenne a proposé un règlement en novembre 2021, qui a été adopté le 6 décembre 2022, visant à réduire l’impact de l’UE sur la déforestation mondiale et à garantir que les produits achetés par les citoyens n’y contribuent pas. Ce texte a également pour objectif d'affirmer le rôle de l’UE comme leader mondial dans la lutte contre la déforestation.

La RDUE a deux objectifs principaux :

  • Minimiser l'impact de l'UE sur la déforestation mondiale, qui contribue à environ 11 % des émissions de gaz à effet de serre et à la perte de biodiversité.
  • Promouvoir le commerce de produits exempts de déforestation, garantissant que les citoyens européens ne consomment que des biens produits de manière responsable.

Champ d'application du règlement

La RDUE s'applique à une large gamme de produits, incluant :

  • Produits bois : meubles, papier, cercueils, sièges, etc.
  • Matières premières agricoles : soja, huile de palme, cacao, café, viande bovine, caoutchouc.

Les entreprises doivent fournir des preuves d'absence de déforestation depuis le 31 décembre 2020, ainsi que la géolocalisation des parcelles d’exploitation.

Quels sont les acteurs concernés par la RDUE ?

Deux catégories d'acteurs sont ciblées par ce règlement :

  • Les opérateurs : toute personne physique ou morale qui, dans le cadre d’une activité commerciale, met sur le marché UE du bois et produits dérivés ou les exporte depuis le marché UE..
  • Les commerçants : toute entité de la chaîne d'approvisionnement autre que l'opérateur qui, dans le cadre d'une activité commerciale, met à disposition sur le marché de l'UE du bois et produits dérivés.

Les PME bénéficient d'exemptions pour certaines obligations (voir section 10).

Obligations imposées par la RDUE

Les entreprises doivent respecter les obligations suivantes :

Interdiction

Il est interdit de mettre sur le marché de l’Union européenne du bois ou des produits dérivés qui :

  • ont contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts,
  • proviennent de récoltes illégales,
  • ne sont pas accompagnés d’une déclaration de diligence raisonnée.

Diligence raisonnée

Les opérateurs doivent appliquer un système de diligence raisonnée avant de commercialiser ou d’exporter du bois et ses dérivés sur le marché européen. Ils doivent également transmettre ces informations aux acteurs situés en aval de la chaîne d’approvisionnement et publier un rapport annuel sur leurs actions de diligence raisonnée.

Les PME sont exemptées de diligence raisonnée si les produits ont déjà été soumis à ce processus, ainsi que de l’obligation de publier un rapport annuel sur leur diligence raisonnée.

Tous les commerçants sont tenus de collecter et de conserver pendant 5 ans des informations spécifiques sur leurs fournisseurs et clients, tout en collaborant avec les autorités compétentes.

Le Système de Diligence Raisonnée doit être révisé une fois par an.

Obligations de traçabilité

Dans le cadre de la diligence raisonnée, les opérateurs doivent recueillir les informations de géolocalisation pour chaque parcelle où le bois des produits concernés a été exploité, ainsi que la date ou la période de production. La géolocalisation correspond aux coordonnées GPS de la parcelle ou à son périmètre défini par un polygone.

Déclaration de conformité :

Avant la mise sur le marché, une déclaration doit être enregistrée dans un système centralisé géré par la Commission européenne.

La diligence raisonnée : un outil central de le RDUE

La diligence raisonnée repose sur trois étapes clés :

Collecte d’informations

Les informations à collecter et conserver sont similaires à celles exigées par le RBUE, mais avec un niveau de détail parfois plus important. En complément, il est également nécessaire de recueillir :

  • des preuves attestant l’absence de déforestation ou de dégradation,
  • la géolocalisation des parcelles de production ainsi que la date ou période de production.

Analyse des risques : évaluer la prévalence de la déforestation dans les zones concernées.

L’évaluation des risques prend en compte les critères du RBUE, ainsi que les éléments suivants :

  • le risque attribué au pays de production par la Commission européenne (cf. Évaluation pays – Art. 29),
  • la présence de forêts dans la zone de production,
  • la prévalence de la déforestation ou de la dégradation des forêts,
  • la présence de peuples autochtones,
  • la consultation et la coopération de bonne foi avec ces peuples,
  • l’existence de revendications légitimes des peuples autochtones sur les droits fonciers et d’usage,
  • les risques liés à la corruption ou à la falsification de documents/données,
  • le risque de mélange de produits,
  • les conclusions des groupes d’experts de la Commission européenne,
  • et d’autres critères.

Atténuation des risques :

En cas de risque significatif, les procédures d’atténuation peuvent inclure :

  • la demande d’informations ou de documents supplémentaires,
  • la réalisation d’inspections ou d’audits indépendants,
  • la mise en œuvre d’autres actions basées sur les informations collectées,
  • le renforcement des capacités et des investissements.

Des contrôles, mesures et procédures doivent être instaurés avant toute mise sur le marché.

Pour les grandes entreprises (non-PME), des exigences supplémentaires s’appliquent :

  • désignation d’un responsable conformité au niveau de la direction,
  • réalisation d’audits indépendants pour vérifier l’efficacité du système interne.

Système d’information et procédures douanières

La Commission européenne met en place un système d'information permettant :

  • D’enregistrer les déclarations de diligence raisonnée.
  • De vérifier leur conformité. Ce système sera interconnecté avec les douanes pour garantir que les produits non conformes soient bloqués avant leur mise sur le marché ou leur exportation.

Comment auront lieu le suivi, les contrôles et les sanctions ?

Les autorités compétentes des États membres effectueront des contrôles basés sur une approche par les risques :

  • Fréquence des contrôles : au moins 3 % des opérateurs pour les risques standards, 9 % pour les risques élevés.
  • Sanctions : amendes jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires, confiscation des produits, interdiction temporaire d'activité, etc.

Quelques exigences spécifiques aux TPE / PME

Les PME sont définies selon la directive 2013/34/EU :

  • Bilan total ≤ 20 millions €.
  • Chiffre d'affaires net ≤ 40 millions €.
  • Moins de 250 salariés.

Elles bénéficient de certaines exemptions :

  • Pas d’obligation de déclaration si les produits ont déjà fait l’objet d’une diligence raisonnée.
  • Allègement des obligations de reporting annuel.

La RDUE représente une évolution majeure pour garantir des chaînes d'approvisionnement responsables. En réduisant la contribution de l'UE à la déforestation et en promouvant des produits exempts de déforestation, elle s’inscrit comme un pilier de la transition écologique européenne.

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