L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) : définition et principes
Comment réalise-t-on une ACV ? Quels sont les résultats d'une ACV ? Notre article répondra à toutes vos questions sur l'analyse de cycle de vie
Comment réalise-t-on une ACV ? Quels sont les résultats d'une ACV ? Notre article répondra à toutes vos questions sur l'analyse de cycle de vie
L'Analyse de Cycle de Vie (ACV) est une méthodologie essentielle pour évaluer l'impact environnemental d'un produit, service ou projet tout au long de son cycle de vie. Cette méthode est reconnue pour sa robustesse scientifique, elle est la référence pour mettre en place une stratégie d'écoconception.
L'ACV vise à identifier les impacts environnementaux d'un produit en comparaison à une situation où ce produit n'existerait pas. Elle s'appuie sur une double approche basée sur le cycle de vie et le multicritères.
💡 Le saviez-vous ? Historiquement, les premiers travaux sur l’ACV remontent aux années 1960. C’est l’entreprise Coca Cola qui développa cette méthodologie pour trouver un moyen de réduire la consommation énergétique de son processus de fabrication.
L’ACV a depuis été normée ISO en 1997 et a été mise à jour en 2006. ISO 14040 et ISO 14044 sont les normes en vigueur qui encadrent la réalisation d’ACV.
L'ACV évalue l'impact de toutes les étapes du cycle de vie d'un produit.
L’ensemble du cycle de vie d’un produit est analysé pendant une ACV. Le cycle de vie d’un produit est composé de 5 phases :
L’ACV permet de déterminer l’impact environnemental d’un produit sur différents indicateurs et ne se restreint pas aux seules émissions de gaz à effet de serre mesurées en kgCO2eq. Il en existe une quarantaine mais généralement une quinzaine sont analysés. On distingue les catégories d’impacts « mid-point » et « end-point » :
Il s’agit d’indicateurs mesurant des problèmes environnementaux comme l’acidification des eaux. Ces indicateurs sont destinés aux concepteurs des produits pour qu’ils diminuent leurs impacts.
Il s’agit d’indicateurs mesurant des dommages environnementaux comme la baisse de la biodiversité. Ces indicateurs sont plutôt destinés aux décideurs pour mettre en place des politiques plus globales.
Les « end-point » sont des conséquences des « mid-point » : l’acidification des eaux augmentent la mortalité de certaines espèces de poissons et provoque donc une baisse de biodiversité. C’est pourquoi dans un objectif d’écoconception la majorité des indicateurs utilisés en ACV font partie de la catégorie « mid-point ».
Grâce à cette double approche, l’ACV se différencie des autres méthodes environnementales comme le Bilan Carbone ou les audits énergétique. En effet, une telle approche permet d’éviter les transferts d’impact lors de la conception d’un produit.
Un transfert d’impact a lieu lorsque qu’une diminution d’impact sur une étape de cycle de vie se fait au dépend d’une augmentation d’impact sur une autre étape. Un transfert d’impact peut également se produire lorsque qu’une diminution d’impact sur un indicateur provoque une augmentation sur un autre indicateur.
💡 Prenons l’exemple d’un t-shirt : des fibres synthétiques issues de l’industrie pétrochimique sont régulièrement utilisées comme matières premières mais leur fabrication émet de grandes quantités de CO2eq. Pour éviter ces émissions, ces fibres peuvent être remplacées par du coton, bien moins émetteur en CO2eq. Cependant, la production de coton impose des consommations d’eau et de pesticides élevées. On observe ici un transfert d’impact d’un indicateur, émission de gaz à effet de serre, à l’autre, consommation et pollution des eaux.
Une ACV d’un produit se réalise en 4 étapes interdépendantes.
Avant toute mesure, il faut déterminer les objectifs de l’analyse : l’ACV est-elle réalisée dans un objectif de communication ? d’écoconception ? de comparaison à un produit concurrent ? Les hypothèses qui seront à prendre par la suite dépendent fortement de ses objectifs. Les résultats d’une ACV dépendent grandement de ces hypothèses, c’est pourquoi il faut définir précisément les objectifs pour réduire l’incertitude qui découle des hypothèses.
De la même manière que pour comparer le prix de deux fruits un consommateur ramène les prix au kilo, pour comparer les impacts environnementaux de deux produits, on ramènera les impacts à une unité de mesure commune. L’unité fonctionnelle est « l’unité de mesure utilisée pour évaluer le service rendu par le produit » selon l’ADEME. Elle doit être précise, mesurable et additive et doit répondre aux questions « quoi ? », « combien ? », « comment ? » et « combien de temps ? ».
💡 Par exemple pour un t-shirt on peut proposer l’unité fonctionnelle suivante : « porter et laver un t-shirt 1 jour par semaine pendant 3 ans ».
Il faut ensuite expliciter le périmètre d’étude du produit. Ce périmètre dépend des objectifs fixés préalablement. Les deux périmètres les plus souvent étudiés sont :
L’étape d’inventaire du cycle de vie consiste à recenser toutes les matières et énergies consommées (coton, bois, biogaz, électricité…) et émises (CO2, polluants, énergie thermique …) sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit. On les appelle les flux entrants et sortants. On distingue deux types de données :
L’inventaire de cycle de vie est l’étape la plus complexe d’une analyse de cycle de vie. En effet, il faut pouvoir collecter des données précises sur l’ensemble de la chaine de valeur d’un produit. Il est donc nécessaire d’aller échanger avec ses fournisseurs pour récupérer ces données mais aussi de connaitre les scénarios d’utilisation et de fin de vie de ses produits.
A partir de l’inventaire de cycle de vie (ICV), on associe chaque flux à des facteurs d’impacts issus de bases de données (Ecoinvent, Base Impacts, ILCD …). Il existe différentes méthodes de calcul d’impacts (ReciPe, CML …) qui lient flux et facteurs d’impacts pour obtenir des résultats sur chaque indicateur d’impacts. Selon la méthode choisie, on obtient des impacts « mid-point » ou « end-point ».
Cette dernière étape est cruciale dans une ACV. Elle consiste à vérifier la cohérence des résultats en testant la sensibilité des hypothèses. Il est nécessaire d’interpréter les résultats obtenus au regard de cette sensibilité et d’y ajouter les incertitudes équivalentes.
Pour usage interne ou même la communication externe, l’ACV n’a pas besoin d’être normalisée. En revanche, pour la certifier ISO, une revue critique doit être réalisée par des experts indépendants qui doivent vérifier la cohérence des hypothèses et la fiabilité des données utilisées. Il est conseillé de faire une revue critique notamment lorsque l'on veut comparer un produit à une solution concurrente.
Une fois cette étape d’interprétation finalisée, les résultats de l’ACV peuvent être utilisés pour faire communiquer l’impact environnemental de son produit auprès du consommateur ou pour mettre en place une démarche d’écoconception et réduire cet impact.
La plupart des logiciels d’ACV permettent principalement de définir l’ensemble des flux entrants et sortants et donc de faire l’inventaire de cycle de vie. On retrouve des logiciels très performants destinés à des experts en ACV comme SimaPro, Gabi ou OpenLCA. D’autres logiciels comme Waro cherchent à faciliter la réalisation d’ACV en appliquant la méthodologie de manière rigoureuse tout en simplifiant l’expérience utilisateur, l’objectif étant de faire tomber les barrières techniques qui séparent les mondes de l’entreprise et de l’ACV.